Sport sur ordonnance : future « Grande cause nationale » ?

L’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS) ont remis aux ministres de la Santé, Agnès Buzyn, et du Sport, Laura Flessel, leur rapport sur l’« Évaluation des actions menées en matière d’activité physique et sportive à des fins de santé ».

Leurs conclusions devront servir de base à l'élaboration d’une stratégie nationale du sport-santé. Un comité, co-piloté par le Directeur général de la santé Jérôme Salomon et la Directrice des sports Laurence Lefèvre, a été mis en place ce jeudi 12 avril. Des recommandations de la Haute Autorité de santé sont également attendues.

Reconnaissance par les autorités scientifiques

L'IGAS et l'IGJS se réjouissent de ce que « les autorités scientifiques reconnaissent désormais les bénéfices de l'activité physique et sportive (APS) sur la santé » mais soulignent le « retard » et les « inégalités sociales en matière d'inactivité physique et de sédentarité » qui caractérisent la situation française. L'OMS, l'INSERM (2008), l'Académie de médecine (2009, la HAS (2011) ont en effet conclu aux bienfaits de l'activité physique en prévention primaire mais aussi en prévention secondaire et tertiaire. Ces données ont permis une reconnaissance législative de la prescription d'APS dans la loi de modernisation du système de santé de janvier 2016.

Toutefois peu d'études se sont intéressées à la mise en œuvre opérationnelle des recommandations et à leur impact sur les comptes sociaux. Si l'évaluation des médicaments bénéficie du financement de l'industrie pharmaceutique dans le cadre de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) et du remboursement par l'Assurance maladie, ce ne peut être le cas de l'APS considérée comme thérapeutique non médicamenteuse.

L’absence de financement des études sur l’APS « est un frein à leur développement, la puissance publique ne prenant pas le relais de l’industrie pharmaceutique », indique le rapport. Cela limite aussi l'adhésion du public qui sera d'autant plus convaincu que des données existeront quant à l'efficacité de la thérapeutique qui lui est prescrite. L'IGAS et l'IGJS recommandent de développer de telles études et souhaitent que l'APS soit promue « Grande cause nationale » au moyen d'une campagne de communication ambitieuse dans le cadre de l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024.

Financement par l'Assurance maladie et site internet

Les deux institutions demandent par ailleurs une meilleure distinction entre prévention primaire, laquelle s'adresse à la population générale, et préventions secondaire et tertiaire qui visent les publics atteints de pathologies chroniques. Figure aussi parmi leurs 18 recommandations, une meilleure formation des intervenants et des médecins (via la formation initiale des études de médecine), la création de « maisons sport santé » à partir des réseaux de coordination existants ou des structures de santé pluridisciplinaires (MSP ou CPTS).

Ces maisons « sport santé » que le gouvernement souhaite mettre en place, devraient jouer un rôle d’animation de réseau sur un modèle de « guichet unique » ; être un lieu d’accueil et de mutualisation des ressources ; permettre l’orientation du public vers une activité adaptée à partir d’une évaluation médicosportive et motivationnelle préalable ; respecter un cahier des charges précis (qualification des intervenants en particulier) éventuellement via une forme de labellisation ; assurer un suivi des patients en lien avec le médecin traitant et dans le respect du secret médical.

« La question du financement par l’Assurance maladie des activités physiques et sportives pour les patients en ALD doit être tranchée en amont de la mise en place des maisons « sport santé », insiste le rapport. L'IGAS et l'IGJS recommandent d'expérimenter ce financement sur la base des référentiels qui doivent bientôt être publiés par la HAS.

Le rapport préconise aussi la création d'un site internet national « sport santé » recensant l’offre d’APS qui pourrait s'articuler avec le futur Service public d'information en santé (SPIS) prévu par la loi de modernisation du système de santé.