Le premier médicament connecté autorisé aux USA

La Food and Drug Administration (FDA) a autorisé la mise sur le marché d’un antipsychotique contenant un capteur traçable. Le médicament est l’aripiprazole indiqué dans la schizophrénie et les troubles bipolaires de type I.

Comment ça marche ?

Quand le médicament est ingéré, le minuscule capteur produit un signal au contact avec les sucs gastriques. Ce signal est alors capté par un patch porté par le patient. Puis dans un second temps, le patch transmet les informations via un système bluetooth© à une application spécifique qui aura été préalablement téléchargée sur le téléphone portable, explique le communiqué de la FDA. Le patient peut autoriser le médecin à recueillir ces informations.

A noter que c’est un système qui a certaines similitudes avec ce qui se développe pour la prise en charge du diabète sauf que dans ce cas, les informations enregistrées et transmises concernent les taux de glycémie.

« Être capable de tracer l’ingestion de médicaments prescrits pour des pathologies psychiatriques peut être utile pour certains patients », précise Mitchell Mathis, directeur de la "Division of Psychiatry Products" du département "Drug Evaluation and Research" à la FDA.

Pour améliorer l’observance médicamenteuse

« Ce problème d’observance est important dans les troubles schizophréniques et bi-polaires, et plusieurs études ont montré qu’un traitement bien suivi améliore le pronostic fonctionnel. Il existe actuellement tout un champ de recherche pour savoir comment améliorer cette observance médicamenteuse », explique le Dr Florian Ferreri, psychiatre, PH à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) et Maître de Conférence des Universités. « En théorie, cette approche est donc intéressante et peut être pertinente pour améliorer la symptomatologie des patients ».

Une réflexion de fond doit être menée

Cependant admet ce spécialiste, la solution proposée par ce médicament connecté est très novatrice, et pose de nombreuses questions d’abord d’acceptabilité par les patients, mais aussi par les médecins. Le recueil de données pose aussi bien sûr des questions éthiques qui interrogent tous les acteurs travaillant dans la e-santé. « Il ne s’agit pas d’être pour ou contre, mais il faut se saisir du sujet, pour réfléchir à nos pratiques médicales et en particulier psychiatriques de demain. Il faut avoir une vraie réflexion sur ces pratiques et évaluer en particulier le rapport bénéfice/risque pour les patients. »

D’après le communiqué de la FDA, les essais thérapeutiques menés chez des adultes montrent que ce médicament a engendré parmi les effets indésirables les plus courants : des nausées et des vomissements, une constipation, des maux de tête, des insomnies… « Les effets indésirables rapportés dans ce communiqué sont en fait ceux qui sont connus avec l’aripiprazole. Sont mentionnés aussi des effets liés au port du patch », indique le Dr Florian Ferreri. Et de conclure : « D’autres travaux seront bien sûr nécessaires pour évaluer si ce type de médicament connecté améliore bien l’observance. »