Nouvelles mesures pour les EHPAD
Très attendue après deux journées de mobilisation inédite en début d'année dans les EHPAD et les services d'aide à domicile, la feuille de route détaillée par Agnès Buzyn a la « double vocation d'améliorer dans l'immédiat la qualité de vie des personnes âgées et d'anticiper la perte d'autonomie », a expliqué la ministre de la Santé devant les membres de la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).
Infirmiers de nuit et recours aux généralistes
Pour renforcer la présence médicale de nuit et réduire les hospitalisations en urgence « évitables », les personnels d'EHPAD pourront faire appel à une astreinte infirmière nocturne mutualisée entre plusieurs établissements. Déjà votée dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2018 et dotée de 10 millions d'euros, cette mesure sera sanctuarisée en 2019 et 2020 (26 millions supplémentaires).
Côté médecins, 40 millions permettront aux EHPAD de « rémunérer directement des médecins généralistes » et des auxiliaires médicaux dans les deux ans qui viennent.
Pour réduire les durées d'hospitalisation, le gouvernement soutient le développement de l'hospitalisation à domicile (HAD), et prévoit la création de 1 000 places d'hébergement temporaire en EHPAD pour les personnes sortant d'hospitalisation (financées à hauteur de 15 millions d'euros dès 2019).
Pour limiter des déplacements, notamment dans les zones fragiles, l'accès à la télémédecine en EHPAD devra être généralisée d'ici à 2022, une mesure chiffrée à 40 millions d'euros sur cinq ans.
La ministre prévoit en outre un plan d'investissement de 100 millions d'euros (en 2019 et 2020) pour la rénovation des infrastructures et du matériel dans les établissements les plus anciens.
Financement pérenne
Une partie de la colère du secteur visait aussi la réforme controversée de la tarification qui consiste à faire converger entre 2017 et 2023 les budgets des EHPAD publics et ceux du privé concernant les enveloppes soins (financées par l'assurance-maladie) et dépendance (financées par les départements). Le gouvernement s'engage à ce que la réforme ne conduise à aucune baisse des dotations, ni en soins ni en moyens sur la dépendance.
Le plan prévoit aussi d'accompagner financièrement une restructuration des services d'aide et d'accompagnement à domicile (SAAD), pour les rendre plus accessibles financièrement et géographiquement. Une enveloppe de 100 millions d'euros est programmé en 2019 et 2020.
Soins de santé, perte d'autonomie, hébergement : le financement de la dépendance est estimé à près de 24 milliards d'euros annuels en dépenses publiques (État et départements). D'ici à 2050, la France comptera près de 5 millions de personnes de plus 85 ans, contre 1,5 aujourd'hui.