Les mesures pauvreté du plan santé
Le président Emmanuel Macron et Agnès Buzyn, ministre de la Santé et des Solidarités, ont présenté ce 13 septembre « la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté ». Dotée de 8 milliards d'euros sur quatre ans, elle a pour ambition de prévenir l'entrée dans la pauvreté, en misant sur l'éducation et la formation, et d'aider à en sortir, via l'émancipation par l'emploi. « Les aides monétaires sont indispensables et seront préservées mais elles ne suffisent pas », a déclaré Agnès Buzyn, en gage de rupture avec les précédentes politiques centrées sur les prestations financières.
Garantir les droits fondamentaux de l'enfance
« La stratégie est centrée sur les enfants et les jeunes », a indiqué la ministre de la Santé. Plusieurs mesures visent à faciliter l'accès des familles les plus modestes aux crèches. Le mode de garde devient une façon de développer l'enfant : un nouveau référentiel, fondé sur les travaux du neuro-psychiatre Boris Cyrulnik, pour favoriser l'apprentissage du langage, de l'empathie, ou de la confiance en soi, avant l'entrée en maternelle, sera introduit dans le plan de formation des 600 000 professionnels de la petite enfance. À 4 ans, il existe 1 000 heures de différences dans la pratique familiale des enfants entre les plus défavorisés et les privilégiés.
La stratégie se donne pour objectif de diviser par deux d'ici à 2 022 le taux de privation matérielle des enfants pauvres. Pour améliorer leur alimentation, la distribution de petits déjeuners sera développée dans les établissements primaires des quartiers en réseau d'éducation prioritaire renforcé (REP+). Les communes les plus fragiles seront aidées pour mettre en place une tarification sociale dans les cantines. Enfin, le programme « Manger malin » sera généralisé. Présidé par la pédiatre Catherine Salinier, il apporte une aide sur le plan de l'information nutritionnelle et du budget aux plus vulnérables.
Les missions des PMI seront renforcées dans le cadre du parcours de santé des enfants de 0 à 6 ans, ainsi que l'appui à la médecine de ville. 100 centres et maisons de santé seront créés dans les quartiers prioritaires.
Pour éviter que 60 000 mineurs ne se retrouvent, comme aujourd'hui, ni en études, ni en emploi, ni en formation, le gouvernement instaure une obligation de formation à partir de la rentrée 2020 . L'aide sociale à l'enfance sera étendue jusqu'à 21 ans, via un engagement contractualisé entre État et départements.
Lutter contre le non-recours aux droits
La stratégie entend lutter contre le non-recours aux droits en simplifiant les démarches et en couplant la délivrance de prestation à un accompagnement humain. L'hypothèse d'un guichet unique n'est pas retenue (elle pose notamment des questions de protection des données), mais des accueils sociaux uniques devraient être généralisés sur les territoires.
L'aide à la complémentaire santé (ACS), marquée par un taux de non-recours supérieur à 50 %, sera intégrée à la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C) avec une participation financière inférieure à 1 euro par jour, à compter du 1er novembre 2019. 1,4 million de personnes (ex-bénéficiaires de l'ACS) sont concernées par ce basculement qui devrait permettre une meilleure prise en charge des soins pour les personnes âgées et handicapées ; le gouvernement espère que la publicité de la mesure permettra de toucher 200 000 personnes supplémentaires.
Le renouvellement des droits à la CMU-C pour les allocataires du revenu de solidarité active (RSA) sera automatique.
Enfin, l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (ONDAM) médico-social sera augmenté de 25 %, ce qui permettra de renforcer les solutions d'accompagnement social avec la création de 1 450 lits d'accueil médicalisé (LAM) et lits halte soin santé (LHSS) supplémentaires d'ici 2022, et de 1200 places supplémentaires pour les appartements de coordination thérapeutique. Selon Olivier Noblecourt, le programme « un chez soi d'abord », qui aide au rétablissement des SDF souffrant de troubles psychiques, en bénéficiera aussi.