Changement climatique et santé respiratoire, le message de plusieurs sociétés médicales

« Il ne suffit pas de changer, nous devons changer maintenant ». Tel est le message de plusieurs sociétés médicales et associations*, dont l'European Respiratory Society (ERS), qui s'unissent pour signer la Déclaration de Paris sur le climat, l'environnement et la santé respiratoire. Diffusée ce jour, elle sera présentée lors du Congrès de l'ERS qui se déroulera pour la première fois à Paris du 15 au 19 septembre.

L'objectif : alerter les pouvoirs publics et les citoyens sur les conséquences du changement climatique sur la santé respiratoire et sur la nécessité d'intégrer la santé aux discussions portant sur l'environnement. « Avec cette déclaration, nous espérons toucher le plus grand nombre », indique le Dr Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche INSERM et membre du Comité Environnement Santé de l'ERS.

12,6 millions de décès par an

Cette déclaration s'inscrit dans la continuité de la COP22 en 2016. À l'époque, la Déclaration ministérielle de Marrakech soulignait déjà qu'« environ 12,6 millions de décès chaque année sont imputables à des facteurs environnementaux modifiables ».

Si les fortes chaleurs et l'humidité ont des conséquences directes sur la santé respiratoire, le changement climatique agit également en augmentant les facteurs de risque de maladies respiratoires. « Des inondations plus fréquentes entraînent une augmentation du taux d’humidité et des moisissures dans les espaces intérieurs, causant de l’asthme, de la rhinite allergique et certaines infections respiratoires », illustrent les signataires.

Les populations les plus fragiles, telles que les personnes âgées et les personnes atteintes de maladie respiratoire, sont particulièrement touchées.

« Les changements climatiques vont continuer de sévir. Des initiatives sont prises, mais sont très insuffisantes », estime le Dr Annesi-Maesano. Un constat qui n'est pas sans faire écho à la récente démission de Nicolas Hulot de ses fonctions de ministre de la Transition écologique et solidaire, pour qui les « petits pas » ne suffisent plus.

Une politique plus audacieuse attendue

Les signataires évoquent « des initiatives encourageantes » en France, comme la promesse de fermeture d'ici à 2 022 de quatre centrales à charbon. Toutefois, ils déplorent notamment que les niveaux de dioxyde d'azote fixés par la Commission européenne ne soient pas respectés. La France a d'ailleurs été traduite devant la Cour européenne de justice en mai pour cette négligence.

La décision de l'Irlande d'interdire dès à présent tout investissement dans les énergies fossiles est par ailleurs saluée : « le gouvernement français pourrait [s'en] inspirer ».

« Il est urgent d'agir pour lutter contre le changement climatique et la pollution. Nous espérons que le défi de changer que nous préconisons soit pris en compte », note le Dr Annesi-Maesano. « Ce n'est qu'en suivant une politique audacieuse au niveau national que la France sera en mesure de respecter ses engagements internationaux et d'améliorer les conditions environnementales de notre planète », concluent les signataires.