Expositions professionnelles des soignants

Burn-out, suicide, etc. : au cours de ces dernières années l’accent a surtout été mis sur les risques psychiques encourus par les professionnels de santé. Mais certains soignants sont aussi exposés à des agents chimiques ou radioactifs comme le soulignent deux études parues dans le dernier numéro du BEH entièrement dédié aux risques professionnels.

Cancérigènes respiratoires

Dans un travail portant sur l’exposition des salariés aux agents cancérigènes respiratoires en 2010, Nadine ferry et col. montrent en effet que « si, chez les hommes, les secteurs de la construction, de la réparation automobile ainsi que du transport et de l’entreposage sont prépondérants et impliquent essentiellement des agents chimiques, chez les femmes, l’exposition se concentre dans le secteur de la santé où sont présents les rayonnements ionisants en plus des agents chimiques. » Ainsi, sur 300 000 salariées concernées, près de la moitié appartenait au monde paramédical (infirmières, sages-femmes, aides soignantes, etc.).

Concernant le risque chimique, les auteurs pointent notamment le formaldéhyde « utilisé comme désinfectant et conservateur » et les cytostatiques « utilisés pour lutter contre le cancer ».

Une seconde étude menée dans un centre hospitalier exclusivement dédié à la cancérologie confirme ce risque. Dans ce travail, les auteurs ont évalué l’exposition des soignants (infirmiers, aides-soignants et agents de service hospitalier) aux médicaments cytotoxiques par biométrologie (dosage des cytotoxiques ou de leurs métabolites dans les liquides biologiques) et par la mesure de la contamination de leur environnement de travail.

Des cytotoxiques dans les urines des soignants

Les analyses réalisées en 2010 ont mis en évidence la présence de médicaments cytotoxiques dans les urines de près de la moitié des infirmiers et aides-soignants suivis, ainsi que sur les surfaces de travail. Ces expositions surviennent lors de toutes les étapes de la mise en œuvre des cytotoxiques (fabrication, préparation, administration et élimination). Les contaminations résultent essentiellement d’une pénétration par voie transcutanée ou par inhalation d’aérosols, lors de la manipulation des cytotoxiques et des excreta des patients. « Malgré la mise en place de plusieurs actions de prévention, la campagne d’évaluation suivante, en 2016, a montré que les expositions perduraient », soulignent les auteurs.

Quelques évolutions positives

À côté de ces éléments de préoccupation, le BEH pointe aussi quelques évolutions favorables toutes professions confondues. Ainsi, s’agissant des solvants, une étude pointe une baisse globale de leur utilisation, « ce qui est positif compte tenu du fait que certains présentent un caractère cancérigène, mutagène ou reprotoxique » commente Mounia El Yamani (Santé publique France et Institut Santé Travail Paris Est) et Gérard Lasfargues (Anses et Institut Santé Travail Paris Est) dans l’éditorial du BEH. Concernant les risques psychosociaux le BEH observe que « l’intensité du travail s’est stabilisée, mais à un niveau élevé, entre 2013 et 2016 », tandis que « la baisse de l’autonomie s’est poursuivie ».