Selon le CMG, les infirmières en pratique avancée marchent sur les plates-bandes des généralistes.
Après avoir reçu de vives critiques de la part des syndicats de médecins, le projet de décret sur les infirmières en pratique avancée (IPA) est désormais dans le collimateur du Collège de médecine générale (CMG). Dans un communiqué virulent, son président, le Pr Pierre-Louis Druais, déplore une « approche incompréhensible » des pratiques avancées.
« Les mots coopération, coordination, territoire, réunions de concertation et acteurs de santé sont inexistants. L'articulation de l'activité d'IPA avec le médecin généraliste (...) n'est même pas évoquée », constate le Pr Druais. Pour le collège, l'absence de démarche structurée et coordonnée dans ce projet est contraire aux orientations de la Stratégie nationale de santé du gouvernement, qui prône la pluriprofessionnalité et la coordination.
Un champ d'action trop large pour les IPA ?
La diversité et la nature des tâches confiées aux IPA dans ce projet décret posent également problème. « Le métier d'IPA s'appuie sur les bases d'un "référentiel activité et compétences" qui s'apparente étrangement au référentiel métier compétences du médecin généraliste », observe le CMG. La crainte est donc à la concurrence entre les corps de métiers.
Le collège s'interroge d'ailleurs sur la nécessité de faire des études longues pour les généralistes si les IPA peuvent se voir confier les mêmes tâches : « Pourquoi former sur dix ans des spécialistes de médecine générale si des professionnels formés sur une temporalité plus courte sont destinés aux mêmes tâches à leur initiative ? ».
La CSMF demande un moratoire
La CSMF, qui dénonce aussi le manque de concertation avec les représentants de la profession en amont de la rédaction du décret, a appelé ce vendredi à un moratoire. « Il faut modifier très largement ces projets de texte si le ministère veut éviter un conflit dur avec les médecins libéraux », prévient le syndicat du Dr Jean-Paul Ortiz.
De son côté, MG France a également sommé ce vendredi la ministre de la Santé de lui « donner des garanties », et privilégie la création de « de fonctions support qui libèrent du temps médical, notamment d’assistants de cabinets médicaux pour les tâches administratives » à la formation d'IPA.