Téléconsultation : les complémentaires font leur pub
Depuis le lancement de l'offre d'AXA Assistance en 2016, plusieurs complémentaires santé et acteurs du secteur (Mondial Assistance, Eovi mcd mutuelle, MédecinDirect...) proposent de la téléconsultation à leurs assurés ou clients – le plus souvent gratuitement dans leur contrat – se targuent d'effectuer de plus en plus de consultations à distance. Jusqu'à concurrencer les professionnels de santé ?
Si les présidents de la FMF et de l'UFML-S, paraissent inquiets, celui des Généralistes-CSMF, le Dr Luc Duquesnel n'y croit pas : « On est en dehors de la notion de médecin traitant, à laquelle les Français sont très attachés. Ces systèmes proposés n'ont rien à voir avec le rôle du médecin traitant. » Pour lui, ces téléconsultations gratuites n'ont donc pas « vocation à remplacer » une véritable consultation au cabinet. « Les patients qui le veulent nous appellent et on discute au téléphone. La plupart du temps, s’il y a un vrai problème de santé, le conseil donné sera "Allez voir votre médecin" », estime de son côté le président de MG France, le Dr Claude Leicher.
« Un non sens »
Pour les patrons des deux syndicats de généralistes, l'émergence des services de téléconsultation ne menace pas leur médecine. Claude Leicher estime qu'elle répond à une logique « du marché » : « Il s'agit d'une frange très marginale, un peu gadget, du système de santé, qui pourra ponctuellement rendre service en rassurant les gens. » Luc Duquesnel est de cet avis : « On est dans le consumérisme avec des assurances complémentaires en concurrence acharnée et qui essaient d’attirer des clients chez elles. C’est un non-sens en termes de parcours de soins », analyse le leader des Généralistes-CSMF. « L’efficacité en termes de santé, personne ne la connaît aujourd’hui. On attend avec intérêt les premiers procès ou les premières évaluations », ajoute Claude Leicher.
Quant à une éventuelle intervention du CNOM, Luc Duquesnel « ne voit pas très bien ce que pourrait faire l’Ordre ». « Depuis l'apparition de ces services il y a deux ans, il ne s’y est pas opposé. C’est avant tout pour l’usager que cela complique les choses. » Les médecins ayant l'interdiction de faire de la publicité, les complémentaires qui font de la téléconsultation pourraient-ils être concernés ? À MG France, on ne le pense pas. « Ces publicités ne concernent pas des individus donc je pense que l’Ordre ne pourra rien faire, dit Claude Leicher, qui ne les considère d'ailleurs pas comme problématiques. « Le problème est de savoir si les patients qui ont recours à ces services seront conseillés à bon escient et bénéficieront de la qualité et la sécurité », conclut-il.