Ce qui différencie les infirmières en pratique avancée des infirmières Asalee

Des formations et des prérogatives différentes

« On assimile voire confond souvent le dispositif Asalee et la pratique avancée. Il y a certes des choses qui se rejoignent mais aussi des différences », explique Hada Soumare. La première réside dans la formation. Le dispositif Asalee nécessite un diplôme d’état infirmier et une formation dispensée par l’organisme associatif de seulement 12 jours. Le décret sur la pratique avancée prévoit lui une formation de deux ans de niveau master. Pour s’y inscrire, les futures IPA devront également justifier de plusieurs années de pratique, ce sera donc des profils expérimentés. Le champ de compétences des IPA devrait également être beaucoup plus large. Les infirmières Asalee s’occupent du suivi des patients diabétiques, à facteurs de risque cardio-vasculaire, atteints de BPCO… les IPA devraient, elles, intervenir dans quatre domaines : le suivi des patients chroniques âgés et stabilisés, l’oncologie, la transplantation rénale et la santé mentale et psychiatrique. En plus, les IPA pourront effectuer de la recherche en pratique avancée, une nouveauté en France.

Cadre réglementaire et rémunération

Autre dissimilitude : le cadre réglementaire. Les infirmières Asalee sont salariées par la structure Asalee et donc pas les collectivités territoriales et interviennent dans le cadre d’un protocole élaboré avec le généraliste. Le statut de l’infirmière en pratique avancée sera pour sa part encadré par un décret définissant ses compétences et devrait entraîner une rémunération au forfait. Selon les intervenantes, la responsabilité de l’infirmière n’est pas non plus la même dans le cas d’Asalee. La pratique avancée devrait offrir plus d’autonomie à l’infirmière par rapport au généraliste.

Si cette autonomie est perçue par certains généralistes comme une menace et une situation de concurrence entre les deux catégories de professionnels, cet atelier était également l’occasion de rassurer les réfractaires. « Sans médecin, je ne peux pas travailler, s’il se passe un événement inhabituel avec un patient ou que j’ai un doute je me réfère directement au médecin », argumente Éléonore Vitalis. Hada Soumare ajoute : « Beaucoup de médecins se demandent s’ils vont moins voir leurs patients avec la pratique avancée. D’après mon expérience, ils ne les voient pas moins mais quand le patient vient me voir, il a encore des questionnements. Le généraliste n’a pas toujours le temps d’explorer tout en quinze minutes de consultation. »

Le Dr Frédéric Villebrun, généraliste et secrétaire général de l’Union syndicale des médecins de centres de santé (USMCS), qui animait cet atelier a également souligné que « les infirmières ont des compétences que les généralistes n’ont pas. Il y a une vraie complémentarité ». L’USMCS a d’ailleurs cosigné en début de semaine un communiqué encourageant la pratique avancée avec le syndicat de jeunes médecins ReAGJIR notamment. « Les médecins généralistes ont enrichi au fil des années leur champ d’intervention et leurs spécificités sont incontestables. Ils peuvent sans crainte partager certains domaines de leur activité avec des infirmières de pratique avancée, tout en restant au centre des parcours de santé », précise le communiqué, qui relève toutefois l’absence d’un référentiel de compétences précis dans le décret.